J’avais assisté en Décembre dernier à une conférence organisée par la MFAA (Moroccan Fulbright Alumni Association) au sujet de la qualité dans l’enseignement.
Au cours de cette conférence, j’avais retenu qu’en raison des redoublements et des abondons très fréquents au niveau des facultés, le coût par diplômé est très élevé et dépasse celui des écoles ingénieurs qui ont des effectifs nettement plus faibles.
Après réflexion, la raison qui justifie le coût élevé par diplômé aux facultés réside dans le modèle économique et de gouvernance adoptés par l’enseignement supérieur au Maroc.
Le modèle actuel pose les problèmes suivants :
- Les universités n’ont pas une autonomie sur les ressources humaines et financières. Les exemples de professeurs (nombreux ?) qui ne font que le strict minimum des cours, encadrent très peu les étudiants et ne font plus de recherche sont connus. Est-ce que l’université peut licencier un professeur pour son rendement ? Peut-elle impacter son salaire en fonction de ses réalisations?
- Deux jeunes diplômés l’un de MIT, l’autre d’une université d’un coin perdu percevront le même salaire en tant que professeurs à l’université Marocaine
- Un bachelier de Casablanca ne peut s’inscrire à l’Université de Marrakech car cette dernière offre une meilleure qualité de l’enseignement. Par conséquent, les universités ne se lancent pas dans des efforts pour attirer les meilleurs étudiants. D’une manière générale, l’université accueille les bacheliers d’une région désignée au préalable. Il est vrai que dans certains cas, une sélection est adoptée mais l’université reste toujours dans une situation d’attente passive, les modèles marketing paraissent très loin.
- Pour les payeurs d’impôts, l’allocation de ressources n’est pas optimale. En effet, si je ne dispose pas de moyens je pars à la « fac » et j’aurai une qualité de formation médiocre à un prix d’or (pour le contribuable). Si au contraire, mes moyens sont suffisants, j’opterais pour des écoles privées ou à des formations à l’étranger (double paiement)
Un modèle alternatif, basé sur un environnement concurrentiel, offrirait une meilleure qualité d’enseignement ainsi qu’une allocation de ressource plus optimale. Ce modèle reposerait sur les principes suivants :
- Un état qui ne gère plus mais qui se focalise sur l’aspect régalien. Tracer les objectifs, élaborer le cadre légal, accréditer et contrôler les universités publiques et privées
- Des universités autonomes et responsabilisées à 100 % sur le plan humain et financier
- Des universités nationales qui rivalisent pour recruter les meilleurs profils au Maroc et à l’étranger côté enseignants et étudiants
- Des universités qui se distinguent par des visions différentes et ainsi par des stratégies et programmes différents
- Des formations payantes. Des subventions variables sont accordées par l’état pour prendre en charge les étudiants en fonction de leurs revenus. En contre partie des subventions reçues, les universités publiques se doivent de respecter un cahier des charges précis notamment au niveau des formations à dispenser et des normes à adopter
- Les universités privées seront dans le même moule que les universités publiques sauf que celles-ci reçoivent des subventions limitées de l’état
Il est vrai que tout ce qui a été dit devrait être supporté par des indicateurs et des analyses plus poussés et qu’il existe des considérations d’ordres politique, syndicales et sociales. Ceci étant, bien que n’étant pas expert dans cette problématique, il me semble que le modèle actuel est dépassé et que la philosophie chère à nos décideurs « le changement dans la continuité » ne tient plus la route. Au regard de l’état de l’enseignement supérieur marocain nous avons besoin de rupture par rapport au modèle actuel.